Guide complet du gecko à crête
Présentation
Le gecko à crête, Kezako ?
Le gecko à crête, Correlophus ciliatus, est un reptile originaire de Nouvelle-Calédonie. Il est également appelé « gecko à cils » à cause de la rangée d’écailles saillantes qui entoure la partie supérieure de ses yeux. Et comme de nombreux autres geckos, il est capable d’adhérer à quasiment toutes les surfaces grâce à des millions de poils microscopiques qui se trouvent sous ses pattes. C’est un animal fascinant ! Parlons un peu de son histoire pour commencer.
Une disparition… puis une redécouverte
C’est en 1866 qu’il a été décrit pour la première fois par Alphonse Guichenot, un zoologiste français. Mais après cela, n’étant plus rencontré dans son milieu naturel, l’espèce a été considérée comme éteinte pendant plus de 100 ans.
En 1994, lors d’une expédition nocturne sur l’île des Pins, un groupe d’herpétologistes observe un gecko à l’allure inhabituelle. Après comparaison avec les anciennes descriptions, ils réalisent qu’il s’agit du gecko à crête (ou Rhacodactylus ciliatus de son ancien nom scientifique), décrit par Guichenot et jamais revu depuis. Cette redécouverte a immédiatement suscité l’intérêt des scientifiques et des passionnés de reptiles.
De l’oubli à la célébrité
À la suite de cette découverte, plusieurs éleveurs américains ont importé des spécimens sauvages afin de les étudier et de les reproduire. Ils ont alors découvert un reptile robuste, docile, peu stressé par la présence humaine, facile à nourrir et à maintenir en captivité, et tout aussi simple à reproduire. Tous ces atouts ont contribué à faire passer le gecko à crête du statut d’espèce « disparue » à celui de star mondiale de la terrariophilie en seulement quelques années !
Des couleurs et motifs à l’infini
Et ce ne sont même pas là ses seuls atouts ! Saviez-vous que le gecko à crête existe en de nombreuses couleurs et patterns ? Grâce à la reproduction sélective, de nombreuses morphs sont apparues. On peut donc trouver des geckos à crête noirs, rouges, oranges, jaunes, verts, bruns, crème, blancs et même lavande. Certaines de ces couleurs peuvent se combiner par deux, voire par trois, sur le même animal.
Il existe aussi des geckos tachetés (de noir, de rouge ou de vert, voire les trois à la fois !). Côté motifs, là encore, il y en a pour tous les goûts : certains présentent des marbrures tigrées, d’autres des flammes sur les flancs, des lignes dorsales continues ou interrompues, et certains encore n’ont aucun motif et arborent une couleur unie. Bref, les combinaisons sont infinies !
Mais l’originalité du gecko à crête ne s’arrête pas là. Un même individu peut présenter un visuel complètement différent d’un jour à l’autre, et même changer plusieurs fois de couleur dans une même journée. Lorsqu’il arbore ses teintes les plus vives et contrastées, on dit qu’il est fire up. Quand il paraît plus clair, presque délavé, on dit qu’il est fire down. On ne comprend pas encore totalement ce phénomène, mais il pourrait être influencé par le stress, la température, l’humidité, le moment de la journée… ou même l’humeur du gecko.
(Ici, tu pourrais insérer la photo de Red Goku et ses nuances)
Ses habitudes de vie et son alimentation
Le gecko à crête est nocturne : il devient actif à la tombée de la nuit et se cherche une cachette avant le lever du jour, dans laquelle il dort toute la journée.
Côté alimentation, il est insectivore et frugivore. Aujourd’hui, il est très facile de combler ses besoins grâce à des poudres complètes, qui une fois mélangées à de l’eau, créent un nectar équilibré et appétant. Mais il est aussi bénéfique de lui proposer des insectes bien nourris, comme des grillons, pour varier son régime et stimuler son instinct de chasse.
Une longévité étonnante
Avec une bonne alimentation et des soins adaptés, un gecko à crête peut vivre longtemps : une vingtaine d’années en captivité, parfois plus. Certains spécimens sauvages prélevés dans les années 90 sont encore en vie aujourd’hui. En 2025, ils avaient donc une bonne trentaine d’années !
Est-ce que cet article de présentation a éveillé votre curiosité pour le gecko à crête ? N’hésitez pas à étoffer vos connaissances en consultant les autres articles disponibles sur ce site… ou à faire vos propres recherches. Mais attention : cette démarche comporte un risque… vous pourriez bien tomber sous le charme de cet animal fascinant ?
L’habitat
L’habitat du gecko à crête
Alors ? Vous êtes tombé sous le charme du gecko à crête et vous cherchez des renseignements sur l’habitat dont il aurait besoin pour pouvoir intégrer votre foyer ? Vous êtes au bon endroit ! Nous allons détailler ensemble de quoi il a besoin pour s’épanouir en captivité. Mais avant de commencer, intéressons-nous à son habitat naturel, en Nouvelle-Calédonie.
Le gecko à crête dans son milieu naturel
Le climat en Nouvelle-Calédonie
Le gecko à crête est endémique de Nouvelle-Calédonie, un ensemble d’îles et d’archipels français situé à l’est de l’Australie. Il vit principalement sur les îles du sud, comme Grande Terre et l’île des Pins, et évolue dans un environnement tropical humide. L’hygrométrie y est élevée, entre 70 et 90 %. Les températures y sont chaudes, avec une moyenne annuelle d’environ 23 °C. Durant la saison fraîche, de juin à septembre, les températures varient entre 15 et 25 °C. Et de décembre à mars, durant la saison chaude, elles se situent entre 23 et 35 °C. Cette saison est également marquée par des perturbations cycloniques pouvant provoquer d’importantes pluies et des vents forts. Les intersaisons sont plus tempérées.
La forêt tropicale humide
File:Trail to the Oumagne Caves (31069724557).jpg — Wikimedia Commons
File:Lagoon at Isle of Pines .jpg — Wikimedia Commons
La forêt néo-calédonienne est dense, humide et dotée d’une canopée couvrante. Le sol y est rocheux par endroits, mais riche en débris végétaux, et une grande diversité de plantes basses y pousse. Les geckos à crête sont arboricoles et vivent dans la partie basse de la forêt, entre le sol et 3 à 5 mètres de hauteur. Ils se déplacent principalement de nuit, grimpant le long des troncs ou sautant d’une branche à l’autre, se nourrissant des insectes ou des fruits mûrs qu’ils croisent sur leur chemin. Ils se repèreraient dans leur environnement grâce aux traces olfactives qu’ils laissent derrière eux lors de leurs déplacements. Ce serait grâce à cette faculté qu’ils pourraient retrouver le lieu de repos utilisé la veille. Durant la journée, ils dorment dans des cavités ou dans la végétation. Il leur arrive parfois de dormir à découvert sur des troncs d’arbre ou de se déplacer durant la journée, mais cela reste exceptionnel.
La vie « asociale » des geckos à crête
Les geckos à crête sont des animaux solitaires. Ils ne se rencontrent que pour l’accouplement. Les mâles sont particulièrement territoriaux et peuvent se battre violemment en cas de rencontre, en particulier durant la saison de reproduction.
Les femelles pondent leurs œufs, en général par deux, sous la litière forestière ou dans un sol meuble, choisissant un endroit ni trop humide, ni trop sec, avec une température relativement stable. La mère n’élève pas ses petits : ils naîtront seuls et devront tout apprendre par eux-mêmes.
Recréer un habitat en captivité
Le choix du terrarium
Pour favoriser le bien-être du gecko à crête, on peut chercher à reproduire, dans une certaine mesure, ses conditions de vie à l’état naturel. On veillera par exemple à choisir un terrarium ayant une certaine hauteur, afin de respecter ses habitudes de vie arboricoles. Celui-ci devra disposer d’une bonne ventilation pour éviter l’humidité stagnante. Cependant, les flexariums ne sont pas conseillés pour cette espèce, car ils ne retiennent pas suffisamment l’humidité. La taille minimale recommandée pour un individu adulte est de 45 × 45 × 60 cm. Mais si vous avez la possibilité de lui offrir plus d’espace, n’hésitez pas ! Pour un gecko juvénile, on optera pour un habitat plus petit, afin qu’il trouve plus facilement sa nourriture.
Les décors
On veillera également à lui fournir des décors variés, verticaux et horizontaux, sur lesquels il pourra se déplacer. Il aura aussi besoin de différentes cachettes. Il pourrait être tentant de ne pas lui en fournir pour pouvoir l’observer plus facilement, mais ce ne serait pas respectueux de ses besoins. Si le gecko ressent le besoin de s’isoler et de se cacher, il doit pouvoir le faire. Pour cela, on peut par exemple utiliser des troncs de chêne-liège creux, des noix de coco disposant d’une ouverture assez large, et des plantes bien fournies (naturelles ou artificielles). Dans tous les cas, les décors devront être posés de façon stable ou fixés solidement, pour éviter tout risque d’accident.
Le substrat
Il existe plusieurs sortes de substrats qui s’adaptent bien à ce type d’installation. Si vous souhaitez planter de vraies plantes dans le terrarium, il sera bon d’utiliser un mélange de terreau (sans engrais ou compatible avec l’agriculture biologique), pour que vos plantes se développent correctement. Les déjections du gecko serviront d’engrais, surtout si vous intégrez à votre installation de petits agents d’entretien comme des collemboles, qui aideront à la décomposition des restes alimentaires et des feuilles mortes. Ce système de terrarium dit « bioactif » est facile à mettre en place et peut vous faire gagner du temps dans l’entretien.
Si vous ne souhaitez pas nécessairement avoir de plantes naturelles dans votre terrarium, vous pouvez utiliser de la fibre de coco, de la tourbe blonde, ou encore du papier absorbant. Même si ce n’est pas le substrat le plus esthétique, il a l’avantage de faciliter le contrôle des selles du gecko et peut être très utile en période de quarantaine ou pour le maintien d’un juvénile.
Notez que pour une femelle, il est indispensable de proposer une zone de sol meuble. Car même si elle ne rencontre jamais de mâle, il lui arrivera tout de même de faire ce qu’on appelle des « pontes blanches », non fécondées. Si elle ne dispose pas d’un espace pour pondre, elle risque de se retenir, ce qui pourrait lui causer de graves problèmes de santé, mettant sa vie en danger. Si le terrarium ne contient pas de substrat, vous pouvez y installer une boîte de ponte, d’une dimension minimale de 15 × 15 × 10 cm, remplie de fibre de coco, de terreau sans engrais ou de sphaigne, maintenue légèrement humide. La femelle pourra également s’en servir pour faciliter sa mue, grâce à l’humidité plus élevée.
L’éclairage
Si le terrarium se trouve dans une pièce bénéficiant de lumière naturelle, il n’est pas obligatoire d’ajouter un système d’éclairage pour le gecko. La lumière naturelle sera suffisante pour créer un cycle jour/nuit. Mais si votre terrarium abrite des plantes naturelles, elles auront besoin d’un éclairage pour survivre.
L’utilisation ou non d’UVB pour cette espèce fait débat. Pour certains éleveurs, ils sont indispensables ; pour d’autres, non. Voici quelques éléments qui pourront vous aider à vous faire votre propre idée sur le sujet. Étant nocturne, le gecko à crête n’est que rarement exposé directement aux rayons du soleil dans son milieu naturel. Mais cela ne signifie pas qu’il ne l’est jamais. Les UVB, bien que filtrés par la canopée, parviennent tout de même jusqu’à son lieu de vie, et il y est souvent exposé de façon indirecte durant la journée, même lorsqu’il est caché. Il est admis que l’apport d’UVB est bénéfique pour la plupart des reptiles, car il permet la production de vitamine D₃, essentielle à l’absorption du calcium. Cependant, la plupart des poudres alimentaires spécialisées pour gecko à crête contiennent cette vitamine en complément, pour pallier l’absence d’UVB. Les observations faites sur plusieurs générations de geckos en captivité ne montrent que peu de différences entre un gecko exposé aux UVB et un autre qui ne l’est pas, pour peu que celui-ci bénéficie d’une bonne alimentation.
Si vous décidez d’utiliser des UVB pour prévenir les carences et offrir à votre animal la possibilité de s’y exposer, choisissez des ampoules ayant un rayonnement adapté, de faible intensité, c’est-à-dire de zone 1 ou 2 de Ferguson, ce qui correspond à des lampes de 2.0 à 5.0 ou de 3 à 7 % d’UVB selon les marques. Elles pourront être allumées en journée, de 10 à 12 heures par jour, en même temps que l’éclairage classique par exemple. Veillez à bien respecter les consignes d’utilisation. Une ampoule UVB devra impérativement être de bonne qualité et, de préférence, provenir d’une marque reconnue. Une ampoule d’intensité inadaptée ou de mauvaise qualité peut causer de graves brûlures à l’animal.
Températures et hygrométrie
Comme nous l’avons vu, dans la nature, le gecko à crête peut rencontrer des températures allant de 15 à plus de 35 °C, ce qui en fait une espèce plutôt résiliente dans ce domaine. Mais il y a tout de même des points importants à retenir. Dans la nature, lorsque les températures sont élevées, le niveau d’humidité l’est également, ce qui permet au gecko de ne pas se déshydrater. Et durant la saison chaude, le gecko aura toujours la possibilité de choisir des cachettes humides et fraîches, et appréciera la baisse de température nocturne.
Il est important de tenir compte de cela en captivité, car le gecko à crête est très sensible à la surchauffe. Il faut veiller à ce que la température ambiante de son terrarium ne dépasse pas les 30 °C. Lors des périodes de forte chaleur, il faudra brumiser le terrarium plus régulièrement et, si besoin, le déplacer dans une pièce plus fraîche. Ne placez jamais le terrarium en plein soleil.
La température idéale pour le gecko à crête se situe entre 22 et 26 °C en journée, et entre 19 et 20 °C la nuit. Durant l’hiver, les températures dans le terrarium peuvent être plus basses, jusqu’à 18°C. Selon les températures de votre logement, il ne sera pas forcément nécessaire d’ajouter une source de chaleur. Si le terrarium est équipé d’un système d’éclairage, celui-ci produira déjà de la chaleur. Si vous devez utiliser une source de chaleur, accompagnez-la toujours d’un thermostat pour contrôler les températures.
Ne placez jamais un câble ou un tapis chauffant dans le terrarium ou directement sur la vitre si le gecko peut y avoir accès, car cela peut créer des points chauds dangereux. Préférez des systèmes de chauffage qui augmentent la température ambiante, plutôt que ceux qui créent des points chauds. Vous pouvez par exemple utiliser une lampe chauffante de faible puissance, reliée à un thermostat.
Le gecko à crête étant originaire de forêts tropicales humides, il est important de lui proposer une hygrométrie comprise entre 70 et 80 %. Cela se fait assez facilement, en brumisant le terrarium environ une fois par jour. Si vous vivez dans une région très sèche et que vous constatez que le terrarium sèche rapidement, adaptez votre rythme de brumisation en conséquence.
On recommande en général de brumiser le terrarium en soirée, après l’extinction des éclairages. L’idée est de bien humidifier le terrarium et les décors, sans les détremper pour autant. Le niveau d’humidité est alors assez élevé pendant la nuit et baisse durant la journée. La brumisation crée des gouttes sur les différents éléments du terrarium et sur les vitres, avec lesquelles le gecko viendra s’hydrater.
Un ou plusieurs geckos ?
On a parfois tendance à projeter nos propres émotions sur les animaux que nous observons, et le gecko ne fait pas exception. Certains penseront donc bien faire en installant plusieurs geckos ensemble « pour qu’ils ne se sentent pas seuls ». Cela aurait du sens si l’on observait les geckos vivre en groupe dans la nature, or ce n’est pas le cas. Au mieux, les animaux peuvent se tolérer ; au pire, ils vont se stresser mutuellement, voire se battre.
Les mâles ne doivent jamais être installés dans le même terrarium : ce serait la bagarre assurée. Les femelles, installées par groupes de deux ou trois, pourraient se tolérer, mais il faudrait tout de même être vigilant et surveiller leur comportement. Pour envisager une cohabitation, il faudrait installer le groupe dans un terrarium assez grand (minimum 60 × 45 × 90 cm), pourvu de nombreux décors, de plusieurs cachettes et de plusieurs zones de repas, afin d’éviter les chamailleries autour de la nourriture.
Et pour s’assurer que tout se passe bien, il faudra surveiller chaque individu et guetter la moindre perte de poids, la présence de cicatrices ou tout changement de comportement pouvant indiquer des comportements dominants ou agressifs.
Je ne conseille pas l’installation d’un couple dans un même terrarium, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que la femelle pourrait rapidement être épuisée, voire blessée, par les assauts incessants du mâle pour se reproduire. Ensuite, parce que la création d’un couple donnerait forcément lieu à la naissance de plusieurs petits geckos (jusqu’à 20 par an), dont il faudrait ensuite s’occuper, chacun ayant besoin de sa propre installation.
À noter que certaines morphs de gecko à crête ne doivent pas être reproduites entre elles, sous peine de voir naître des bébés malformés et à l’espérance de vie très courte. Enfin, même si la législation française permet la détention libre des geckos à crête, leur élevage est encadré, et leur vente à titre lucratif est interdite sans autorisation.
Nouveau terrarium
Si vous venez de terminer la mise en place du terrarium de votre futur gecko, retenez-vous de courir immédiatement dans votre animalerie la plus proche ou chez votre éleveur pour l’adopter. Laissez à votre terrarium le temps de se cycler et profitez-en pour vérifier les températures et adapter la fréquence d’arrosage. Mieux vaut corriger une erreur ou remplacer du matériel défectueux avant qu’un gecko n’en pâtisse.
Si vous avez choisi un décor naturel, avec du bois, des écorces, du liège et peut-être même des plantes, vous verrez apparaître au bout de quelques jours quelques traces de moisissures, voire quelques petits champignons — et c’est tout à fait normal. Mais c’est pour cela qu’il faut être patient avant d’y installer un animal. Si vous intégrez des collemboles dans le substrat, ils auront vite fait de tout nettoyer.
Prenez le temps d’admirer votre création. Puis, au bout de deux ou trois semaines, si tout se passe bien, vous pourrez aller choisir votre adorable compagnon, qui vous tiendra compagnie pendant les quinze à vingt prochaines années.
Et après ?
Maintenant que votre gecko à crête est installé dans son beau terrarium, il ne vous reste plus qu’à l’observer évoluer dans son nouvel environnement. Dans un premier temps, ne forcez pas les interactions. L’arrivée dans un nouvel espace est déjà suffisamment stressante pour lui. Permettez lui de prendre ses marques tranquillement, de comprendre où se trouvent les cachettes, l’eau et la nourriture.
Au bout d’une semaine ou plus, vous pourrez essayer d’interagir avec lui pendant sa période d’activité, en lui faisant sentir votre main, en lui tendant un peu de nectar sur une cuillère ou au bout de votre doigt, pour qu’il associe votre odeur à quelque chose de positif. Ensuite, vous pourrez essayer de le sortir de son terrarium en l’incitant à grimper sur votre main et le laisser vous explorer pendant quelques minutes, puis de plus en plus longtemps avec le temps.
Observez votre animal : voyez où il aime se cacher pour dormir, voyez si vous devez adapter le décor à ses préférences, lui offrir plus de cachettes, déplacer le bol de nourriture, ou autre.
Il faudra entretenir et nettoyer le terrarium régulièrement. Si le terrarium n’est pas bioactif, il faudra retirer les crottes et changer le substrat s’il commence à dégager une odeur désagréable. Et dans tous les cas, il faudra nettoyer régulièrement les vitres, car c’est généralement sur elles que les geckos aiment faire leurs besoins.
Enfin, profitez de ce que vous avez créé pour votre gecko — que ce soit un mini bout de jungle luxuriante ou un décor plus simple avec des éléments artificiels. Régalez-vous chaque jour à l’observer évoluer dans cet environnement et prendre confiance auprès de vous.
L’alimentation
« Qui mange sain, vit bien »
Une bonne alimentation favorise un bon développement et une bonne santé, autant chez l’humain que chez l’animal. Voyons ensemble comment offrir une alimentation saine et équilibrée au gecko à crête. Vous allez voir qu’il n’y a rien de bien compliqué ! Mais voyons d’abord quelles sont ses habitudes alimentaires dans la nature.
Une alimentation opportuniste
Le gecko à crête est omnivore, à tendance frugivore et insectivore. À l’état sauvage, il se nourrit toute l’année de divers insectes et invertébrés (plus rarement de petits vertébrés, comme de petites espèces de lézards ou de geckos juvéniles). Selon la saison, il se nourrit également de fruits mûrs tombés au sol dont il lèche la pulpe riche en glucides, en vitamines et en eau.
Besoins nutritionnels fondamentaux
Le régime alimentaire du gecko à crête doit couvrir ses besoins
- en protéines, essentielles pour la croissance, la régénération des tissus et le développement musculaire, la reproduction,
- en glucides, principalement issus des fruits et source d’énergie, mais à ne pas surdoser afin d’éviter le surpoids,
- en calcium et en phosphore, indispensables à la minéralisation osseuse, d’un ratio idéal de 2 pour 1 pour éviter la maladie métabolique osseuse,
- en vitamines, notamment D3, qu’il est nécessaire d’ajouter en complément pour un animal en captivité sans apport d’UVB.
Ça peut sembler compliqué dit comme ça, parce qu’on n’est pas tous chimistes. Mais heureusement, grâce au travail d’Allen Repashy, il existe aujourd’hui des aliments tout prêts, formulés spécialement pour les geckos à crête et leurs autres cousins originaires de Nouvelle-Calédonie.
Alimentation commerciale
Aujourd’hui il existe un grand nombre de marques d’alimentation pour gecko à crête. Ils fonctionnent tous globalement de la même façon. Il s’agit de poudres à base de fruits et d’insectes, à réhydrater et qui sont capables de couvrir tous les besoins nutritionnels des geckos en captivité. Elles existent en divers goûts et parfois plus ou moins riches en protéines. On peut notamment citer des marques comme : Repashy Superfoods (de plus en plus difficile à trouver sur le marché européen), Nekton, Pangea, Gecko Nutrition, Tropical, etc. Certaines saveurs peuvent avoir plus de succès que d’autres, parce que certains geckos peuvent avoir des préférences dans ce domaine, mais il est bénéfique de leur proposer une nourriture variée, avec des goûts différents.
Après l’ajout d’eau, la texture recherchée est comparable à celle du ketchup. Si le nectar est servi trop épais, le gecko risque de ne pas l’apprécier. S’il est servi trop liquide, le gecko, qui n’a qu’un petit estomac, aura du mal à avoir tous les nutriments nécessaires parce qu’ils seront trop dilués. Le nectar sera proposé le soir, au moment où le gecko entre en activité et retiré le lendemain pour éviter les moisissures. Autre idée à garder en tête lorsqu’on prépare un nectar pour gecko : il faut résister à l’envie d’ajouter soi-même des éléments comme du calcium en poudre ou des compléments vitaminés aux mélanges industriels. Le risque de surdosage est bien trop élevé et très risqué pour la santé de l’animal. Les poudres industrielles sont parfaitement dosées et ne nécessitent aucun ajout.
Mais pour varier les plaisirs, il est bénéfique de proposer des insectes vivants à son gecko.
Compléments vivants : les insectes
Même si les aliments industriels formulés pour les geckos comblent en soi tous leurs besoins nutritionnels et « pourraient » suffire à leur alimentation, l’apport d’insectes vivants leur est bénéfique. Les geckos à crête, en particulier les jeunes spécimens, apprécient la chasse et cela les stimule et leur fait faire de l’exercice.
L’insecte le plus facile à retrouver en animalerie est le grillon domestique (Acheta domesticus), ou des steppes (Gryllus assimilis). Saupoudrés de calcium en poudre (avec ou sans vitamine D3 selon l’apport en UVB), on peut simplement en relâcher un petit groupe d’individus (quantité à adapter selon l’âge de l’animal) dans le terrarium et laisser le gecko chasser. On peut également proposer au gecko des blattes, comme les Red Runner et les Dubias. Vu le talent de ces insectes pour le cache-cache, il est conseillé de les proposer dans de petits récipients, où le gecko ira se servir. On peut également leur proposer des chenilles de Bombyx mori (ou vers à soie), qui sont très nutritives, mais étant passionnée par les chenilles et les papillons je ne peux personnellement pas m’y résoudre. On peut habituer le gecko à recevoir ses insectes directement de notre main ou à la pince.
Pour définir quelle taille d’insecte donner il suffit de mesurer visuellement l’espace entre les yeux du gecko. On ne proposera que des insectes moins larges que cet espace et bien nourris (gut-loadés). En effet, la valeur nutritive d’un insecte dépend de ce qu’il a lui-même mangé dans les 24 à 48 heures. Nourrir un gecko uniquement avec des grillons sans gut-loading revient à le nourrir avec du carton, parce que les grillons ne sont qu’une coquille vide s’ils ne sont pas nourris. Il est donc essentiel de fournir aux insectes nourriciers une bonne alimentation et de l’eau à volonté. Il existe pour eux aussi des poudres à réhydrater, mais on peut leur proposer des légumes frais (carottes râpées, courgettes, concombres…), des fruits en petite quantité (pomme, mangue, banane…), de la verdure (feuilles de pissenlit, endives, mâche, diverses variétés de salade…), des flocons d’avoine, et les restes de nectar des geckos.
Donner des insectes sauvages : Bonne ou mauvaise idée ? Même si cela peut être tentant, je le déconseille fortement, pour plusieurs raisons. Déjà pour le bien-être de notre faune locale, qui est déjà bien assez mal en point. Mais surtout à cause des risques de transmission de parasites (qui sont très répandus dans la nature) et à cause des pesticides. Mieux vaut éviter de prendre des risques inutiles et se fournir auprès d’animaleries ou d’élevages spécialisés. D’autant que les insectes sont disponibles à des prix très raisonnables (environ 2€50 pour 40 à 60 individus selon la taille).
Fruits frais : plaisir et modération
Il est tout à fait possible d’offrir de façon ponctuelle des fruits frais écrasés ou mixés (et sans sucre ajouté). Mangue, banane, goyave, papaye, melon, figue, pêche, abricots etc. peuvent être proposés bien mûrs comme friandise occasionnelle. On peut également faire de même avec des compotes de fruit pour bébé, sans sucre ajouté. On évitera cependant les agrumes et les fruits acides.
Fréquence et quantités
Les besoins alimentaires du gecko à crête évoluent en fonction de son âge. Il faudra donc veiller à adapter les quantités et la fréquence des repas. Voici à titre indicatif ce qui peut être mis en place :
- Pour un nouveau-né ou un juvénile (de 0 à 6 mois) : Une petite quantité de nectar (à peu près une goutte de la taille d’un petit pois, pas plus pour limiter le risque d’engluement) tous les jours, ou un jour sur deux. 2 à 3 petits insectes 2 fois par semaine.
- Pour un subadulte (6-12 mois) : Une quantité moyenne de nectar (environ une goutte de la taille d’un haricot) 3 à 4 fois par semaine. 2 à 4 insectes de taille adaptée 1 à 2 fois par semaine.
- Pour un gecko adulte (>12 mois) : 2 à 3 repas de nectar par semaine (environ une cuillère à café) et 3-5 insectes 1 fois par semaine.
- Pour une femelle adulte gravide ou en période de ponte : Une bonne cuillère à café de nectar tous les deux jours et des insectes saupoudrés de calcium 2 à 3 fois par semaine.
A noter que la quantité de nourriture que le gecko va consommer peut varier. Un gecko adulte peut jeuner ponctuellement sans aucun risque. Par exemple, les geckos ont tendance à moins manger avant leur mue. La baisse des températures en hiver peut également influencer leur métabolisme et réduire leur appétit. Un gecko arrivé depuis peu dans un nouvel environnement peut mettre plusieurs jours à manger normalement. A un jeune âge, l’estomac du gecko à crête est tellement petit qu’on a parfois du mal à voir s’il mange ou non, vu le peu de quantité consommée. Mais si vous retrouvez des selles dans son environnement c’est qu’il se nourrit bien. Un gecko nouveau-né peut mettre une bonne semaine avant de s’intéresser à la nourriture, car l’absorption de son sac vitellin avant l’éclosion lui donne suffisamment d’énergie pour tenir plusieurs jours sans manger.
Hydratation
Enfin, comme tout être vivant, le gecko à crête a besoin d’eau. Une brumisation quotidienne de son habitat, en plus d’apporter le pic d’humidité dont le gecko a besoin, permettra à ce dernier de s’hydrater en léchant les gouttes d’eau sur les feuilles ou les parois. En plus de cela il est utile de laisser à disposition un petit récipient bien stable contenant de l’eau fraiche. Le gecko pourra venir s’y désaltérer si besoin.
Nourrir un gecko à crête « c’est pas sorcier » !
Finalement, pour résumer un peu tout ça, pour bien nourrir un gecko à crête, il suffit de lui préparer un nectar industriel bien formulé, de lui permettre de chasser quelques insectes bien nourris et de lui fournir de l’eau à volonté. Rien de bien compliqué !